lundi 29 décembre 2008

L'Homme est animal de meute

Finalement, pour être franc avec moi-même et avec mes lecteurs potentiels, le titre de mon blog n'est peut-être pas très approprié. Il est trop généraliste ! Parce que, quand j'y réfléchis bien, c'est moi le célibataire en survie. Moi qui a besoin d'un guide de survie. 

Qu'importe, écrire ne peut pas faire de mal, cela coûte moins cher qu'un thérapeute et de toute façon, il y a un temps pour l'analyse - et ce temps-là est en ce qui me concerne est révolu - et un temps pour l'action. Écrire est une façon d'agir, entre autres choses.

J'ai 41 ans. Ma vie affective est un chantier en perpétuel construction depuis 41 ans. Depuis, en fait, que je suis sorti d'une ventre d'une mère que je n'ai jamais connu, pas plus que mon père d'ailleurs. Inutile de sortir les mouchoirs. Si je vous livre cette information personnelle aujourd'hui, ce n'est pas pour faire pleurer dans les chaumières. Non, c'est juste pour bien situer les choses dans leur contexte. 

Autant vous dire que j'ai cherché des modèles de père et de mère partout où j'ai pu. Je n'ai pas toujours fait les bons choix mais jusqu'à présent j'ai tenu le coup ! Bon, personne ne sera surpris, si je vous dis que je suis dépendant affectif. Je vois des moues s'afficher sur vos visages. C'est incroyable comme ces deux mots font de l'effet. Autant que si j'écrivais que je suis porteur du VIH ou encore que j'ai un cancer généralisé. La dépendance affective n'est pas une maladie, n'est pas une tare, cela n'a rien avoir avec le choléra ou la peste. Non, ce n'est pas écrit sur mon front que je suis dépendant affectif. Cela ne se voit pas au quotidien, ne se sent pas. La dépendance affective ne vous fait pas faire des choses bizarres. Cela ne vous empêche pas d'être en relation avec l'autre. Je n'ai pas de bave qui coule à la commissure des mes lèvres. Lorsque je suis en relation avec quelqu'un, je ne suis pas accroché à ses basques comme une huître à son rocher. J'ai suffisamment partagé le quotidien des femmes depuis 20 ans pour savoir combien il est important de laisser dans une relation une espace suffisamment grand pour que chaque personne puisse s'épanouir individuellement. Alors c'est quoi le problème de la dépendance affective ? C'est lorsque vous restez dans une relation qui nous vous convient pas ! Comment cela est possible de rester dans une relation qui ne nous convient pas ? Parce que nous souffrons tous de cette grande peur qu'est la solitude. L'homme est un animal de meute, je ne le répéterai jamais assez. La solitude n'est pas un mode de vie, ça aussi, je ne le répéterai aussi jamais assez. Et vous savez quoi, je suis plus inquiet pour quelqu'un qui avoue en affichant un (vrai faux) sourire qu'il est heureux seul que quelqu'un qui m'avouera en me regardant droit dans les yeux qu'il n'est pas fait pour vivre seul. Lui, je vais le croire. L'autre, je vais sérieusement me poser des questions sur ces capacités à trouver sa place dans la meute, dans le clan, dans la tribu, dans le société. La solitude lorsqu'on ne la subit pas est indispensable pour se recentrer sur soi-même, réfléchir, méditer, bâtir sa spiritualité. Mais c'est en jetant non pas dans la gueule du loup (ou de la louve), mais dans la bataille, au coeur de la meute, que l'on peut valider bien des choses. 

Narcisse s'est noyé à force de regarder son reflet dans l'eau. Dans le regard de l'autre, des autres, il est impossible de se noyer. L'homme a besoin du regard de l'autre pour exister et pour vivre. 

À trop vouloir rester en marge de la meute, on a toutes les chances de se noyer dans le reflet de sa propre solitude.

2 commentaires:

  1. C'est marrant ce que tu dis. J'avais justement une grande conversation là-dessus avec une amie aujourd'hui. Elle me disait comment elle plaignait ces gens qui arrivent à vivre en auto-suffisance, et je lui disais comment d'une certaine manière, je les admirais. J'ai plusieurs exemples comme ça autour de moi, de personnes qui ne sont jamais mieux que dans leur compagnie personnelle, et qui, à 30 ou 35 ans, se sont déjà fait leur quotidien, leur petite vie de "vieux garçons", avec leurs petites manies, leurs petits rituels, leur petit confort riquiqui, bien fermé et bien recentré sur eux. Alors oui, il y a un côté "petit", étriqué, mesquin, et puis en même temps, je sais, c'est déprimant, mais ils sont heureux comme ça... D'un côté ça fout les boules, et puis d'un autre, je ne peux pas m'empêcher de me dire que d'une certaine manière, ils ont de la chance, parce que leur bonheur ne passe pas par quelqu'un d'autre, et que du coup ils sont complètement protégés de tout ce que les relations interpersonnelles peuvent générer d'incertitude et d'intranquillité...

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  2. Je ne crois pas à l'auto-suffisance ! Et je crois que ce qui fait au contraire toute l'intensité de la vie, c'est d'interargir avec les autres et l'autre, même si parfois ça fait mal !

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